Les motifs étoilés qui trouent le ciel des mosaïques de Ravenne ont connu un succès inégalé. On les retrouve, quasi à l’identique sous le porche de la Major à Marseille, 15 siècles après les décors byzantins de Ravenne.
Le ciel de Ravenne étincelle de cristaux or et bleu, comme dans le très célèbre mausolée de Galla Placidia : les murs sont sertis d’entrelacs multicolores qui s’élancent vers la coupole, où brille une simple croix, décorative, entourée d’étoiles.
Dans de nombreuses basiliques, l’on retrouvera cette croix, semblable à un émail, en tous cas dépourvue du crucifié qui apparaîtra dans l’art chrétien bien plus tard. Les spécialistes ont vu, sous les coupoles de la petite ville, le désir des artistes de signifier une jubilation sans ombre, la “bonne nouvelle” révélée au grand jour, la joie apportée par le christianisme, religion interdite jusqu’à l’empereur Constantin.
Un art nouveau naît sous nos yeux, qui énonce maintenant le visage et l’histoire du divin. À quoi cela va-t-il ressembler ? Certes, comme il est d’usage, la figure centrale du Christ sera moulée dans celle du classique “bon pasteur”, présent sur les sarcophages romains. Puis il prendra une réelle autonomie picturale, très tôt définie dans sa maturité : cheveux longs, frisés, siégeant sur un trône de gloire, entouré des 12 apôtres.
Les pâturages, l’éclat des fleurs, une multitude d’oiseaux : c’est tout un monde régénéré, sans les clivages qui diviseront ultérieurement l’au-delà en purgatoire, paradis et enfer.
Ravenne, c’est pour l’œil la pureté sereine de représentations, inachevées sans doute ; l’éclat des tesselles souvent flamboyantes des coupoles où se dessine la Croix, symbole d’un monde nouveau.
Annick Rousseau
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